

La motivation : comprendre ce qui t'anime vraiment
La motivation est un sujet riche. Des dizaines de théories avancent des causes différentes pour expliquer pourquoi vous êtes motivé.e ou non. Ce « pourquoi » est décrit par des forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement (Vallerand et Thill, 1993). La motivation est contextuelle et multifactorielle. Apprendre à comprendre le contexte dans lequel vous êtes le plus motivé et les facteurs qui influencent cette motivation va réellement changer votre mental. Dans cet article, on va parler de ces moteurs qui nous poussent à agir !
Les différents niveaux de motivation
La théorie de l’autodétermination (Deci, 1980 ; Deci et Ryan, 1980, 1985) décrit les différents niveaux de motivation selon un continuum : de motivation intrinsèque à amotivation.
Le plus fort niveau de motivation est la motivation intrinsèque. Je m’engage de façon volontaire et spontanée dans l’activité en raison de l’intérêt et du plaisir que j’y trouve. Le seul fait de participer suffit pour reconduire l’action puisque le plaisir prédomine. Je suis motivée à pratiquer du CrossFit car j’aime apprendre de nouveaux mouvements, j’aime la sensation pendant un WOD…, par exemple.
Tandis que la motivation intrinsèque renvoie à l’activité elle-même, la motivation extrinsèque renvoie à la pratique effectuée pour des raisons extérieurs, elle comprend 4 types de régulations :
La motivation par régulation intégrée me concerne quand la raison de l’action est pleinement intégrée à mon système de valeurs. Je ne trouve pas seulement l’action utile, j’agis car l’activité fait partie de ma personnalité.
La motivation par régulation identifiée me concerne quand j’estime que ces actions ont une importance et font sens.
La motivation par régulation introjectée me concerne quand je suis poussée par mon propre ego : pour ressentir un sentiment positif (fierté) ou pour éviter un sentiment négatif (culpabilité, honte).
La motivation par régulation externe me concerne quand j’agis pour obtenir quelque chose ou éviter quelque chose : pour des raisons matérielles (obtenir une récompense ou éviter une punition) ou des raisons sociales (obtenir l’approbation ou éviter les critiques).
Pour terminer, l’amotivation : caractérisée par l’absence d’actions, l’individu n’agit pas car il ne voit aucune raison de le faire. Il peut ne pas valoriser l'activité, ne pas se sentir capable de faire ou de maintenir les actions, ou percevoir une contingence entre leurs actions et les résultats souhaités, ce qui entraîne une très faible envie de fournir des efforts.
Vous vous situez dans quels niveaux de motivation vis-à-vis de votre pratique sportive, de votre attention à choisir de bons aliments, de votre attention à bien dormir ?
Le désir pour le succès
La motivation de ceux qui performent est souvent liée à la motivation intrinsèque, ils apprécient leur pratique, ils sont donc plus aptes à agir. Cependant, certain.es athlètes de haut niveau font exception, comme Laure Manaudou (interview), elle dit « je n’ai jamais aimé nager j’aime gagner ». « Être la meilleure » était le moteur de ses actions, « gagner des médailles » aussi.
Ce désir insatiable pour le succès est en partie lié à la motivation extrinsèque à régulation externe (recherche d’approbation ou de reconnaissance) ; et/ou à régulation introjectée (pousser par l’ego). Cependant, ces niveaux de régulation sont les plus bas, on peut alors penser que ce désir est construit par l’individu, en raison de l’importance qu’il accorde à son objectif et en raison des croyances qui le guide, lié à la régulation intégrée (je suis persuadée que je suis destinée à réussir) et identifiée (je fais ce qui me semble être le mieux pour atteindre mon objectif).
Si vous ressentez aussi ce désir profond pour le succès, il serait intéressant de comprendre dans quel(s) niveau(x) de motivation il puise.
L'orientation des buts : ego ou maitrise
On peut aussi noter que l’engagement de Laure Manaudou est clairement orienté « but de performance » plutôt que « but de maitrise ». Le but de performance ou but d’implication de l’ego est caractérisé par le fait de vouloir être meilleur que les autres et le but de maitrise par le fait de vouloir être meilleur que soi-même.
La théorie des buts d’accomplissement, John G. Nicholls (1980) montre que d’une manière générale le but de maitrise entraine des réponses positives : je fais de meilleurs choix car je prends mon objectif étape par étape sans pression de l’extérieur, je suis résiliant.e face à l’échec car ce que n’est que partie remise, je reconnais chaque effort… Alors que le but de performance entraine des réponses inadaptées : je suis vulnérable à l’échec car mon image est en jeu, je brûle des étapes, je choisis des tâches qui me garantissent un résultat positif…
Laure Manaudou fait référence à un but de performance car elle est ici dans un contexte de compétition. Peut-être qu’elle s’entraine chaque jour avec l’idée de battre telle ou telle fille, d’être la meilleure ou de gagner une médaille à la prochaine grosse compétition ou peut-être qu’elle inclut plutôt des notions d’apprentissage, de compréhension, en recherchant une meilleure maitrise de sa discipline. Probablement les deux.
De façon générale, on retrouve cette notion de but de performance lorsque l’on débute : « je veux être plus forte que ». C’est bien au début, cela peut-être un moteur mais sur le long terme et pour garantir une performance et des résultats, il est essentiel de se fixer des objectifs par rapport à ses propres compétences (et non celles des autres !). Cependant, si on parle de performance à un instant T lors d’une compétition ou d’un entrainement, la motivation par l’ego peut vraiment vous aider à augmenter votre résistance à l’effort. Un vrai plaisir de se servir de son ego pour donner plus d’énergie et se dépasser (dépasser son coéquipier aussi).
Réfléchissez à comment vos buts de performance peuvent être utiles à ceux-ci et comment la fixation de buts de maitrise aussi.
Croire en soi
Enfin, croire en soi est un aspect essentiel, à tous niveaux. Croire en votre capacité à réussir va influencer votre motivation (donc la fréquence de vos actions), votre engagement dans l’effort, votre persévérance face à la difficulté (théorie de l’auto-efficacité, Bandura, 1977). Ce n’est pas votre compétence réelle qui importe, mais votre perception de cette compétence associée à votre perception de la tâche. Le modèle de croyances de compétence et de valeur (Eccles & Wigfield, 1980-2000) apporte une précision intéressante sur les influences de la perception de la valeur de la tâche. L’engagement est influencé par le plaisir que la tâche procure (intérêt), par l’utilité de la tâche pour atteindre vos objectifs (utilité), par le lien avec votre identité (importance personnelle) et par ce que l’action demande (coût).
Finalement, en fixant l’objectif consciencieusement comprenant l’influence des facteurs précédemment décrits, la motivation ne sera pas un problème majeur. Parfois peut apparaitre une baisse de motivation qui peut prendre la forme d’un engagement moins intense, d’une perte de confiance, d’une perte de sens… Apprendre à reconnaitre ces sensations et ajuster les paramètres vous offrira un gain de temps et d’énergie mais aussi une avancée certaine vers la personne que vous méritez de devenir.
Apprendre à reconnaitre ces sensations et ajuster les paramètres vous offrira un gain de temps et d’énergie mais aussi une avancée certaine vers la personne que vous méritez de devenir.
Sources
Autodétermination : historique, définitions et modèles conceptuels
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